Le texte

“RBR” fait référence à “Roquebrune” – le quartier où j’ai grandi (de 8 à 17 ans), dans le petit village wallon de Profondeville, au creux de la vallée de la Meuse.

Ce petit quartier résidentiel, caractérisé par trois rues parallèles montant en terrasse sur le flanc d’une colline boisée, est tout ce qu’il y a de plus calme, de plus bucolique, de plus tranquille. Il n’y a dans ce quartier ni violence, ni insécurité. La calme n’y est remplacé par l’agitation que les jours des grands événements sportifs organisés d’aventure au Complexe Sportif de la Hulle. Et encore – il s’agit alors d’une agitation conviviale et bon enfant.

Ce quartier, c’est le quartier que nous sillonnions quotidiennement, mon frère Matth, mon voisin Guillaume, et moi-même, lorsque nous étions ados. On se retrouvait après l’école, on se promenait dans les rues. Parfois on faisait un peu de skateboard, parfois – le soir – on s’asseyait sur la cabane électrique, à l’orée du bois, pour y boire quelques bières et essayer d’apprendre à rouler des clopes.

La cabane électrique en question, telle qu’on peut l’observer sur Google Street View. (Apparemment, la voiture Google n’est pas montée plus haut que la deuxième rue… 😀 )

Dans ce contexte, ça nous faisait délirer de nous dire – nous qui faisions de bonnes études, qui deviendrions plus tard avocat, éducateur, linguiste… – qu’en fait, nous étions les gangstas du quartier. Que peut-être, quand nous passions dans les rues après le coucher du soleil, avec nos pantalons baggy et nos clopes au bec, certains riverains nous voyaient d’un mauvais œil?

Du coup, on s’imaginait – pour rire – qu’on était une petite bande de banlieue. Guillaume était “Disiz the Guigz”, Matth était “Komath”, et moi j’étais “Ultim”. Souvent on s’est dit qu’on devrait écrire un rap, ne fût-ce que pour le délire, où on emprunterait le style des Sniper, IAM et autre MC Solaar qu’on écoutait à l’époque, pour décrire notre propre vie dans la street… totalement dénuée de vagues ou d’histoires.

Un aperçu de la petite bande de l’époque (photo de 2007), complétée par Tinou et Roro, qui habitaient un quartier proche. De gauche à droite, ça fait: Guigz, moi, Tinou, Matth, et Roro.

Pourtant, ce n’est que plusieurs années plus tard que j’ai concrétisé cette vieille idée. J’avais déjà quitté le quartier, passé 4 ans en kot à Louvain, et je vivais dorénavant à Gand. C’est sans doute parce que je repensais avec nostalgie à la bonne époque des heures passées à arpenter le quartier Roquebrune que j’ai commencé à plancher sur ce morceau.

Finalement, je ne sais plus exactement combien de temps il m’a fallu pour l’écrire. Je me souviens que tout a commencé par un premier jet, sur lequel je m’amusais à chipoter dans mon appart. Pour la première fois, j’avais écrit un beat moi-même, et j’avais aligné quelques phrases qui rimaient. C’était en août 2012, et ça donnait ça (attention, rien à voir avec le morceau final – genre, il n’y a même pas une seule punchline en commun 😀 ):

Je crois que Matth et Guillaume m’avaient indiqué poliment à l’époque qu’ils trouvaient ça naze… 😀 😀

Malgré ça, ou peut-être à cause de ça, j’ai persévéré. 🙂 Quelques mois plus tard, j’avais écrit une toute nouvelle version – qui correspond à peu près au premier couplet actuel. Plus tard encore, j’ai imaginé le “refrain”, et le second couplet.

Je ne sous-entend pas par là que la qualité du texte présuppose des mois d’écriture acharnée… Il faut simplement dire qu’à l’époque, mon projet “rap” était pour ainsi dire inexistant. Il constituait tout au plus un délire auquel je ne consacrais que quelques minutes par-ci, par-là, au détour d’inspirations soudaines.

(Ce n’est évidemment pas la bonne manière de procéder pour se construire un portfolio et progresser… 🙂 J’ai bien changé depuis!)

Mi-2013, j’avais un texte abouti. Jusqu’à ce jour, je ne l’ai pas énormément partagé… Je sais juste que mon plus jeune frère, Aimeric, connait le premier couplet par cœur – et qu’il l’a déjà déclamé, à l’occasion, à ses potes (de Profondeville), au détour de l’une ou l’autre soirée. [Ca me fait plaisir de savoir ça, d’ailleurs! 🙂 ]

A présent, peut-être qu’avec le partage sur Youtube, mon texte jouira-t-il enfin d’une plus grande notoriété… ne fût-ce que localement? Ce serait fun!

La musique & l’enregistrement

Les premiers enregistrements de mon texte “RBR” étaient plutôt bricolés, avec une prod en MIDI écrite sur Guitar Pro 5 (et transformée en MP3 via Fruity Loops), et une voix enregistrée je-ne-sais-plus-trop-comment, collée sur la prod avec Audacity (sans connaissance préalable aucune en mixage, s’entend). Cela dit, j’étais plutôt fier de ma prod, très simple mais néanmoins suffisamment efficace – constituant mon tout premier essai concluant de composition du genre!

On était en mars 2013 (environ 7 mois après la version “zéro” partagée ci-dessus), et ça donnait ça:

Le morceau est resté tel quel pendant trois bonnes années. (Comme je l’écrivais ci-dessus, je ne prenais pas encore mon projet “rap” très au sérieux, à l’époque…) Puis j’ai découvert Tim Ferriss, j’ai lu The 4-hour work week, et j’ai commencé à voir la vie autrement. 🙂 J’ai commencé à me dire que j’avais le droit de rêver de plus, et que mon projet “rap” méritait que je m’y attarde un peu plus sérieusement. On devait être en juin 2016, et je me suis fixé l’objectif d’avoir, “d’ici un an au maximum”, au moins un clip pour l’un de mes morceaux (cut to the chase: j’ai atteint mon objectif à quelques semaines près, mais en sélectionnant finalement un autre morceau que celui-ci).

J’avais deux morceaux candidats pour ce projet de clip, dont “RBR”. Pour pouvoir concrétiser mon idée, je me suis dit que j’avais d’abord besoin d’une version un peu plus “pro” des morceaux en question. J’ai dès lors contacté mon pote Arnaud Rossomme – dont je savais qu’il n’était ni rappeur ni beatmaker, mais qui est un musicien et “ingénieur son” de talent, disposant de compétences musicales et sonores dépassant de loin les miennes. Je lui ai envoyé mes fichiers MIDI, il a retravaillé la musique, le mixage, l’instrumentation (en conservant néanmoins mes notes initiales, ce que je trouve plutôt cool 🙂 ), et je me suis rendu chez lui pour un petit enregistrement dans son home studio. C’était ma première expérience du genre: un peu stressant à vrai dire, mais très enrichissant!

Début septembre 2016, “RBR” reposait enfin, dans sa version finalisée, peaufinée et masterisée, sur mon PC. Cependant, sur les deux morceaux enregistrés avec Arnaud à cette période, c’est l’autre – je l’avoue – qui a joui de la plus grand partie de mon attention. “RBR” est resté un peu dans l’ombre…

Aujourd’hui, il était temps de corriger cela! 🙂 Voici donc “RBR” sur Youtube, et mis à l’honneur au travers du présent récit.

Il ne manque plus qu’un clip pour accompagner le son, non? 😀 Si toi qui as lu ceci jusqu’au bout, tu es chaud de collaborer avec moi là-dessus, n’hésite pas à me contacter sur ma page facebook! 🙂 🙂